Comment préparer ton premier cross (partie 1)

Se lancer dans un premier vol de distance peut-être impressionnant.

Si tu passes un peu de temps à préparer ta météo et choisir le site de vol adéquat, tu mettras toutes les chances de ton côté pour atteindre un premier objectif de 20 ou 30 km. Quant au matériel, il a aussi son importance.
 

Check météo : modèles numériques versus expérience

  • Si ce n’est pas encore fait, je te propose de consulter le 1er article que j’ai rédigé sur la météo. Tu y trouveras une méthode étape par étape. Elle te permettra de déterminer si la journée est propice au vol en parapente.
  • Un exercice intéressant est de faire ta météo et le choix du site de départ, comme si tu allais voler le jour suivant. Et le lendemain soir, d’aller observer les vols qui ont été réalisés sur Xcontest pour comparer si tes prévisions correspondent à ce qu’ont fait les pilotes du jour.
  • Ensuite, je ne vais pas te mentir, plus tu essaieras le vol de distance, plus tu seras précis-e dans tes prévisions. En effet, l’expérience joue un rôle important dans le cross. Il y a de nombreux paramètres non maitrisables. Pour te donner un exemple, j’ai récemment tenté une journée de vol de distance pour laquelle j’estimais possible de parcourir 100km. C’était sans compter un voile d’altitude qui s’est développé plus rapidement que prévu et qui a coupé les thermiques. Un autre coup classique en météo est un vent d’altitude plus fort qu’annoncé par les prévisions. Tu pourras certainement te mettre en l’air, mais le vol sera beaucoup plus exigeant et donc fatiguant.
  • Grâce à Xctherm et Soaring Météo, tu pourras avoir une idée de la hauteur des plafonds. Cependant, selon les régions, seule une pratique constante te permettra de définir quel plafond est suffisant pour atteindre la distance que tu t’es fixée.

Espaces aériens

Lorsque tu prépares ta trajectoire, il est important de contrôler les espaces aériens. Pour rappel, les CTR et TMA en HX sont activables en tout temps. Pour certaines, un numéro de téléphone est disponible et t’indique si la CTR sera active le jour où tu souhaites voler.  Enfin, n’oublie pas de regarder le DABS avec les horaires d’activation et les limites de hauteur des LS-R que tu traverses. Selon la hauteur des plafonds, tu pourrais te retrouver dans un espace aérien C ou D, réservé à l’aviation. Avec l’application swisstopo et la carte « aviation », tu pourras visualiser tous les espaces restreints ou dangereux pour les parapentes. Le site de la FSVL regroupe toutes les zones aériennes de Suisse. Cela t’aidera aussi sans doute à y voir plus clair parmi toutes ces zones.
 

Les paramètres idéaux

Voici à mon avis les paramètres idéaux pour une journée réussie en cross :

  • Situation générale de marais barométrique : cela veut dire qu’il n’y a ni une haute pression (les masses d’air s’affaissent), ni une basse pression (trop d’instabilité et donc risque de perturbations).
  • Force du vent : peu de vent, sinon les thermiques seront hachés, turbulents et désagréables.
  • Qualité des thermiques : thermiques de force moyenne (2 à 3m/sec.). Plus tu iras voler, plus te sentiras à l’aise dans des thermiques forts. Si tu as peur, tu risques de piloter crispé-e et donc être moins efficace dans les pompes.
  • Base des nuages : plus la base des nuages est élevées, plus la journée est facile pour crosser.

À titre indicatif :

Sur le Jura, je dirais qu’avec des plafonds à partir de 1800m, tu pourras déjà t’amuser. Dans les Alpes, je te recommande des plafonds à plus de 2600m pour pouvoir commencer à te déplacer (bien sûr, cela dépend aussi de ton lieu de départ).
Pour faire un cross de 30 km, tu peux tenter avec des plafonds plus bas. Ça sera plus difficile, mais cela représente également un bon entrainement car il te faudra prendre des thermiques plus souvent pour arriver au même résultat.

Choix du site de vol

Un bon choix de site de vol est un site adapté à ton niveau. Pour tes premiers cross, je te conseille de privilégier le Jura. En effet, il n’y a pas de systèmes de vents de vallées et il existe une multitude d’atterrissage de « secours ». Par contre, comme tu décolleras plus bas que dans les Alpes, tu auras moins de possibilités de te refaire si tu loupes les premiers thermiques juste après ton décollage ;).
De mon expérience, tu peux viser (à titre indicatif), de décoller entre midi et 13 heures en été. Cela maximisera tes chances d’avoir des thermiques déjà bien installés. L’idéal est de bien maîtriser les faces voile pour gérer les rentrées de face au déco, justement provoquées par les thermiques.
Trois idées de départs sympas dans le Jura : le décollage de Mauborget, celui du Suchet ou alors le Weissenstein.

Dans les Alpes, tu peux envisager de décoller un peu plus tôt, par exemple entre 10 et 11 heures. En l’air, pense bien à contrôler la force du vent de vallée en plaine sinon tu risques de poser en reculant. Si tu n’es pas très familier-e avec ce système de vent, je te conseille de consulter la carte « pumping alpin » de la FSVL. Les phénomènes de foehn jouent un rôle également important dans cette région (article météo suisse).
Pour décoller dans les Alpes : Verbier te permettra d’effectuer un joli tour dans le val de Bagnes (même si ce n’est pas forcément l’endroit le plus facile)
Fiesch est aussi un point de départ très couru pour un départ en cross. Tu pourras essayer par exemple d’aller dans la vallée de Conches.
Enfin, dans les Préalpes : tu pourras effectuer un aller-retour dans la Frutigtal, au départ du Niesen.

Plan de vol : plans A, B et C

Un aller-retour de 30 km (au total) est déjà un bon objectif. Ça te prendra environ 2 heures, pendant lesquelles tu prendras plein de décisions. Et je te promets qu’au début, ça fatigue vite.
Prévois toujours un objectif idéal si les conditions sont meilleures qu’annoncées. Imagine également un but si la météo correspond à ce qui était prévu. Au contraire, envisage aussi un parcours en cas de météo moins favorable.
Le mieux est d’avoir déjà ces options prêtes. Cela facilitera ton vol et tes prises de décisions et tu voleras certainement plus « relax ». Aies également en tête le chemin par lequel tu passeras. Tu peux t’aider de la carte de vol à voile pour repérer les zones aériennes restreintes le soir d’avant. Lorsque tu seras en l’air, tu peux aussi ouvrir XCTrack ou enregistrer les zones sur ton vario.

Choix de ta voile

Pour débuter, la dernière chose dont tu dois te soucier est la finesse de ton parapente. Plus tu prendras un parapente en adéquation avec ton niveau, plus tu seras à l’aise en virage et efficace pour monter en thermique. Cela te permettra également de choisir la meilleure trajectoire en te concentrant sur les paramètres extérieurs tels que :

  • Le vent et la dérive dans le thermique ;
  • Les nuages autour de toi ;
  • Les faces ensoleillées ;
  • Les autres parapentistes et les oiseaux.

Dans un premier temps, je ne te recommande pas forcément d’acquérir un cocon. Et ceci pour les mêmes raisons que la voile. Mieux vaut te sentir stable et à l’aise.

Vario or not vario ?

Clairement oui, idéalement une version avec GPS. Cet instrument t’aiguillera beaucoup, surtout loin du relief. Il t’aidera aussi à définir la direction du vent (cela vient aussi avec l’expérience).
Par contre, sur des vols de site où tu thermiques sans ambition cross, entraine-toi sans vario. Tu développeras ainsi ton feeling thermique.
Si tu le souhaites, tu peux compléter ton attirail avec une tablette ou un smartphone. Tu pourras consulter les balises de vent en vol. XCTrack reste super pratique pour repérer les différentes zones aériennes.

Enfin, cela peut paraître logique, mais emporte un camelbak car tu te déshydrates vite en l’air. Tu dois mitiger cela avec le besoin d’uriner en l’air. Et du coup peut-être prévoir un condom urinaire pour les hommes. Pour les femmes, impossible de retrouver le nom du kit sur le net, si tu as la référence, je suis preneur ! (c’est dire si certains revendeurs ont encore de la peine à imaginer que les femmes puissent faire du cross…)

Dans le prochain article, je détaillerai les petites astuces que j’utilise une fois en l’air pour avaler les kilomètres, tout en ayant du plaisir 😀

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